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2010 Origine

Tout commence par une énigme. Une forme trouvée au hasard d’un chemin, au hasard d’un geste.

La forme m’interpelle. Je sens le mystère. Je la cuisine, la fais passer par des filtres, des tamis, des décantations. Phases successives de transformation. Je la dédouble. A chaque étape elle m’apprend quelque chose. Je la questionne parce qu’elle m’interroge.

C’est pourquoi je travaille en série. Tu n’as pas tout compris. Recommence. Alors recommencer c’est creuser, aller au plus près, écouter, converser, être en relation intime. La sensation est confuse, sourde, profonde, multiple et riche. J’ai besoin de la déplier comme un jeu de cartes pour mettre au grand jour ses états de construction.

 

Au début sont les éléments. La Terre, le Végétal, l’Eau sont les vecteurs, le langage, l’alphabet.

La Terre est le rythme, quelque chose qui réveille, qui ramène à l’ici. Marcher sur la terre. Rythme discontinu de contact physique avec la matière continue du globe terrestre.

Je crée mon territoire, ma carte, ma topographie.

Marcher…

Je commence par la Terre, par les formes que je trouve au sol, sous mes pas ou par des modelages. C’est mon poids qui parle, mes mains qui créent, la forme qui se soulève.

Puis je prends les photos. La photo met de la distance, permet plusieurs points de vue et le premier développement.

Le dessin vient après, radical, épure le réel, le décode. Une seule ligne, directe, à l’encre. Il permet de chercher l’essentiel. C’est la décantation.

Depuis longtemps je travaille sur le végétal. Autrefois le paysage avec sa structure. J’ai réduit à ce qui m’intéressait le plus, l’arbre. Puis j’ai resserré encore et j’ai compris que c’était la ligne. Comment elle se déplace dans l’espace, comment est un arbre dans l’espace. La ligne qui raconte, le parcours. La fibre végétale, la ligne qui court sur l’écorce. Le Végétal c’est la ligne.

Courir…

A côté il y a la tache. De couleur. Fluide, diluée, lumineuse. L’Eau c’est la diffusion de la couleur. Douce ou appuyée. L’émotion.

La surface je la peins restreinte, contenue. Parfois ouverte, poreuse, respirante. Parfois fermée, protégée, épaisse, respiration bloquée. L’Air c’est la circulation.

La forme je la contiens par le vide, l’espace blanc, l’ancré, l’incréé. Ce qui donne du sens. Il crée la forme en limitant le débordement de la matière, en poussant vers l’intérieur, comme quand l’eau sèche, vers l’essence de…Il est silence autour de l’effusion, de la richesse tropicale, de la forêt primitive, de la densité. Le vide est l’espoir de tous les possibles. L’Espace. Ce qui contient. Il m’est indispensable. Je m’y ressource.

Rester…

Le Feu est partout. C’est la lumière, l’éclair des couleurs ou l’obscurité totale, les noirs habités. C’est le contraste clair-obscur. Se frotter aux limites, aller vers le plus, aller vers le moins. Endosser le risque.

Tomber, se relever…

 

Le langage est décrit mais ça parle d’autre chose.

De mes personnages, dérisoires et sublimes, de mes fables inventées, des marionnettes qui m’accompagnent.

De naissance. De fluide, de corps, de tendresse, d’attachement, de famille, d’amour.

De mort. De sécheresse, de peur, de lien entre les mondes.

D’émotions profondes enfouies dans ma mémoire.

 

Origine / Mineral

 

Origine / Vegetal